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Jeune et Déprimé
2 juin 2010

2 secondes de liberté

C’est aujourd’hui le début de l’été et il fait plutôt chaud pour la saison, mais une légère brise souffle et rafraichit les hommes et les bêtes. L’Homme observe le magnifique paysage qu’il a devant lui , des pâturages verdoyants et au fond le petit bois où l’Homme ira couper du bois pour leur tenir chaud à lui et à sa famille cet hiver , mais l’hiver est encore loin et il se demande s’il ne va pas aller faire un petit plongeon dans la rivière qui court a travers champs et disparait soudain dans le bois . Une musique végétale le fait se retourner, ce sont le bruissement des feuilles du cerisier accompagné des percussions des branches mortes accrochées à celui-ci pour faire peur aux oiseaux.

Il contemple alors sa femme et ses enfants et ressent comme une petite bouffée de fierté. Ne sont-ils pas tous magnifiques ? Si évidemment. Dire qu’il avait reçu mille reproche de la part de ses « amis » et de ses parents quand il avait décidé de d’épouser Isabelle. Il avait choisi l’amour à une époque où le mariage était fait par raison. On lui avait dit qu’il ne réussirait jamais à avancer dans la vie sans l’aide de leurs parents, et maintenant il regarde sa charmante maison de campagne et observe au loin l’employée de maison qui met la table. Il a réussit finalement, loin du bon sens des autres, il a même réussit à se hisser plus haut dabs l’échelle sociale que ses parents.

Il faut dire qu’il eu beaucoup de chance, il avait misé sur le pétrole, cette ressource dont personne ne voulait car brulant trop mal et dégageant trop de fumée pour servir dans les lampes, mais grâce a l’industrie automobile, il avait réussit à faire fortune et a se diversifier.

Il a pourtant eu très peur lorsque certains mirent au point un moteur électrique qui marchait aussi bien qu’un moteur a pétrole. Mais lui et d’autres avaient réussi à faire pression sur les fabricants et le voila qui fricotaient maintenant avec le grand monde, bien loin de l’atelier minable de réparation de son père ou même de la boulangerie de son beau-père.

Sa fille cadette se lança vers lui, il l’attrapa et  la fit tournoyer provoquant chez elle des grands éclats de rire et un regard réprobateur de la part de sa femme occupée à lire le dernier Jules Vernes sous l’ombre du grand cerisier. IL déposa sa fille qui retourna jouer avec ses frères et sœurs, titubant légèrement comme si elle avait bu. Sa femme éclata de rire en voyant cela et le réprimanda gentiment :

-« Nicolas, il faudra arrêter de faire boire notre fille, regarde dans quelle état elle est maintenant ! »

Cette remarque déclencha l’hilarité de l’Homme et des plus grands de ses enfants. Il se retourna et ……..

 

Il ouvrit les yeux, les murs de la prison étaient toujours aussi déprimants, il sourit en se souvenant vaguement de son rêve et se redressa à moitié sur sa couche de paille. La famille de rats qui lui tenait lui de voisin de chambre vient lui rendre visite, il avait gagné « l’amitié » de ceux-ci en partageant avec eux sa maigre pitance et surtout en leur donnant la pièce brillante que les soldats avaient oubliée au fond de sa poche. Maintenant, il vivait une bonne cohabitation ; les rats lui apportaient même parfois un semblant de dehors, de l’herbe, une fleur, parfois même des fruits pas trop mâchouillés.

Il voyait en cette famille, le reflet de la sienne dont il n’avait aucune nouvelle. Cette réflexion le plongea par si longtemps en arrière, dans sa campagne française qui lui manquait maintenant qu’il ne la voyait plus. C’est drôle comme les choses peuvent nous sembler naturelles jusqu’au jour où nous ne les possédons plus, pensa t-il mélancolique.

La porte s’ouvrit et deux soldats entrèrent, le mirent debout violemment et le menottèrent, ils s’amusèrent ensuite a ses dépens comme à leur habitude, lui donnant des coups de pieds ou le maltraitant avec la crosse de leurs fusils, mais ils ne le firent pas longtemps car le commandant arriva. Ils l’emmenaient ailleurs d’après les ordres qu’il comprit. Il les suivit docilement, il n’avait pas de grande chance de s’échapper de toute façon.

Il avançait péniblement, les soldats marchaient vite et avec ses mains attachées il avait du mal à suivre, mais il trottinait comme il le pouvait, var il savait que s’il s’arrêtait ou se rapprochait d’un soldat, celui-ci le battrait, alors il continua sa pénible course, et essaya de ne pas penser ni a ses jambes qui lui faisaient mal à chaque pas, ni à son ventre qui le tordait de douleur en clamant au monde par des gargouillis sa faim.

Ils arrivèrent finalement à un pont sur lequel des hommes étaient occupés à attacher des cordes. L’Homme commença à paniquer, il ne pouvait pas mourir, pas si jeune, et puis il ne leur avait rien fait, et avait toujours été un prisonnier très docile. Ca ne pouvait décidemment pas être pour lui. Mais pour infirmer son hypothèse, le commandant lui-même testa le dispositif de pendaison avec un mannequin de paille qu’il jeta par-dessus la rambarde, celui-ci fut retenu quelques instants par le nœud coulant puis les coutures rattachant la tête au corps lâchèrent et celui-ci fut emporté par le courant en contrebas. Le commandant sembla satisfait, plaça une planche dont une partie était au dessus du vide et l’autre partie sur le pont, et appela deux de ses hommes pour se mettre sur celle-ci, enfin l’Homme fut placé a l’extrémité de la planche au dessus du vide et l’on lui plaça la corde autour du cou. Trente interminables secondes s’écoulèrent, l’Homme pensa à sa femme et à ses enfants, ainsi qu’à ses parents qu’il n’avait plus vus depuis son annonce du mariage et les soldats se retirèrent de la planche.

Le poids de l’Homme le fit basculer, lui et la planche, dans le vide et …..

Il tomba dans l’eau, la corde était trop longue, réagissant au quart de tour, il passa ses trop maigres poignets au dehors des menottes qui ne serraient rien et entreprit d’enlever la corde qui lui serrait le cou. Il commençait à manquer d’air mais il ne pouvait pas sortir comme ça sous les fusils des soldats, d’ailleurs des balles commencèrent à fuser dans l’eau autour de lui.

Il nagea trente mètres sous l’eau avant que ses poumons ne le forcent à sortir pour respirer. Les balles fusaient toujours, mais il ne fut pas touché, les soldats courraient, le commandant hurlait mais les soldats étaient bien trop hauts et la végétation sur les rives était bien trop dense. Il les sema a peine trois cents mètres plus loin, lors de son entré dans les rapides, il les connaissait et bien qu’il ne les ai jamais pris à la nage, il en connaissait les principaux dangers, contrairement aux malheureux qui l’avait suivi par la voie nautique.

Ce n’est que lorsqu’il n’entendit plus que le silence, brisé de loin en loin par un chant d’oiseau qu’il se permit de rire. Il était vivant, il atteignit une rive et se permit une sieste sur les bords même de la rivière, étant trop fatigué pour continuer.

Il s’éveilla le matin suivant en entendant une voix qu’il connaissait, cette voix c’était celle d’Isabelle, elle chantait sa chanson préférée, celle- là même qui lui tapait sur les nerfs lorsqu’ils étaient heureux tout les deux, comme il l’aimait à présent cette chanson !

Il se dirigea en courant aussi vite qu’il le pouvait vers l’origine de la voix, elle semblait changer de direction a chaque seconde et il ne savait plus où chercher quand soudain, il cru avoir une vision, c’était là son domaine, ses enfants jouaient paisiblement sur la balancelle , l’employée de maison mettait la table et Isabelle chantait sa rengaine dans son fauteuil a bascule tout en lisant .

Elle leva les yeux et le vit, elle se précipita vers lui et lui vers elle , ils s’étreignirent et il commencèrent a s’embrasser  ……………….

 

Puis il tomba du pont et mourut et son corps se balança dans le vide a quelques centimètres au dessus de la rivière dans l’indifférence totale des soldats.

 

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